Professeur de l’Université de Kisangani (UNIKIS), Alphonse Maïndo n’est pas allé par quatre chemins sur la nomination de Judith Suminwa comme Première Ministre de la RDC. Sans vouloir exulter cette désignation pour trois causes, il estime que c’est foncièrement une instrumentalisation politicienne de la femme contre les prétentions boulimiques du pouvoir des mâles.
La première cause, il l’attribue à la constitution du pays qui impose la parité homme et femme dans les institutions publiques. Or, les institutions publiques affichent un déficit criant en la matière, sans parler des partis politiques, y compris et surtout ceux aux affaires.
« Au-delà des nominations cosmétiques et des effets d’annonces politiciens qui flattent les égos, y compris des femmes et des féministes, au-delà des chiffres, quelle est la place des femmes dans les institutions, dans la société congolaise d’aujourd’hui ? », se demande-t-il.
On ne décrète pas l’égalité genre
Judith Tuluka Suminwa. Image/Tiers
A en croire Alphonse Maïndo qui donne la deuxième cause, on ne décrète pas l’égalité de genre, pour être un vrai champion de la masculinité positive. Il faut une vraie politique volontariste portée par une vision et un leadership clair, mais aussi alimentée par des mécanismes d’incitations sélectives et de sanctions.
Dès lors, dit-il, il est clair que cette nomination d’une dame au sommet d’un gouvernement, quels que soient son parcours, ses mérites et compétences personnels, est foncièrement une instrumentalisation politicienne de la femme contre les prétentions boulimiques du pouvoir des mâles de la stratosphère congolaise.
Halte au syndrome d’Adam et Eve
Il estime en troisième lieu que l’heure n’est plus à l’épidermisme politicien de mauvais alois. Mais à l’action publique efficace, donc à des résultats concrets, fruits d’un travail politique en profondeur.
Il estime qu’il faut une responsabilité ainsi qu’une conviction. Et non plus aux jérémiades et au syndrome d’Adam et Eve dans un système politique corbillard. Il définit ce syndrome comme étant celui dont toutes les fautes et transgressions comme nos malheurs soient dues à l’autre.
En somme, Alphonse Maïndo prend donc acte de la nomination d’une Première Ministre à l’issue de ce qu’il qualifie de simulacre électoral. Cependant, il appelle à une vraie politique d’égalité de genre et à la justice transitionnelle pour mettre fin à l’impunité des violences basées sur le genre qui font d’immenses ravages, surtout dans la partie orientale du pays. Ce qui menace la capacité reproductive de la nation.
Judith Asina
