Le régime rwandais a réveillé ses cellules dormantes numériques et mis en place une vaste campagne de dénigrement visant à discréditer le Dr Denis Mukwege, en l’accusant à tort de négationnisme et de révisionnisme. Les attaques se sont intensifiées à la suite du soutien apporté à l’historien Charles Onana, poursuivi à Paris par des associations pro-Kigali à l’instar de Survie. Dans une interview accordée à France 24 en 2021, Paul Kagame s’en était pris au prix Nobel de la paix 2018 et a contesté le rapport Mapping, déclarant sans scrupules : « Il n’y a pas eu de crimes. Absolument pas, que ce soit par les personnes évoquées ou les pays cités, en RDC. »
Pour sa part, James Kabarebe, conseiller de longue date du président rwandais en matière de sécurité, ex-ministre de la Défense et actuel ministre d’État aux Affaires étrangères, ne se prive pas d’occasions pour proférer des intimidations, des menaces et des invectives d’incitation à la haine tribale et raciale contre le Dr Denis Mukwege, en réponse à ses appels constants en faveur de la prise en compte des recommandations du Rapport Mapping. Où avez-vous vu une personne se disant victime combattre l’initiative de la justice ? N’est-ce pas un paradoxe ? S’il y a du négationnisme, du révisionnisme et du racisme à condamner, voilà ce qui doit être condamné par la France qui, malheureusement, continue à leur dérouler un tapis rouge.
le Rwanda pérore
Dans sa rhétorique victimaire, le Rwanda cherche à convaincre la communauté internationale qu’il n’y a eu de génocide dans la région des Grands Lacs que contre les Tutsis, pour continuer à détourner le principe de la Responsabilité de protéger dont il bénéficie depuis 2005, de son objectif initial et l’interpréter de manière sélective pour justifier ses interventions militaires meurtrières en RDC, dont le bilan macabre humain est de plusieurs millions de morts.
Pour mener à bien cette campagne, Kigali recourt à des méthodes diverses, dont des campagnes de désinformation en ligne ; des blogs et des comptes sur les réseaux sociaux, souvent liés à des groupes pro-rwandais, qui diffusent de fausses informations et des attaques personnelles contre Denis Mukwege. Nous en voulons pour preuve les blogs surmédiatisés d’Ellen Kampire et de Clarisse Kwiza, l’une occupant l’espace anglophone et l’autre francophone, produisant des pamphlets d’incitation à la haine tribale et raciale en vue de souiller le Prix Nobel de la paix 2018.
Cette offensive vise à affaiblir sa voix et à saper sa crédibilité internationale, en ce moment où il multiplie ses plaidoyers en vue de la considération et la justice pour les crimes commis sur le sol congolais, passibles de crimes contre l’humanité et de crimes de génocide, soulevant sur la table l’option de la création d’un tribunal pénal international pour la RDC.
Ce qui semble visiblement déranger les lobbys rwandais, avançant une victimisation ou prétextant une prétendue protection des communautés rwandophones victimes d’épuration ethnique en RDC, pourtant présentes dans toutes les institutions étatiques et ayant occupé dans un passé récent la vice-présidence de la République. De quoi craignent-ils s’ils ne se reprochent rien ? De quitter le statut de victimes pour celui de bourreaux ?