Le 25e anniversaire du Centre de Réhabilitation pour les Victimes de Torture au Kosovo (KRCT) a vécu ce jeudi 17 octobre à Pristina. Présent à cet évènement, Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018 a relevé l’importance de la justice réparatrice pour les victimes des violences sexuelles.
Devant un parterre de participants à ces assises, Mukwege renseigne que chaque victime, chaque citoyen est titulaire de droits. Ainsi, outre une prise en charge holistique centrée sur la personne et ses besoins, à l’image de ce que l’Hôpital et la Fondation Panzi proposent à l’Est de la RDC, les survivants ont aussi droit à une justice holistique qui inclut les droits à la justice, à la vérité, à des réparations et à des garanties de non-répétition.
Pour lui, il est donc crucial pour l’État et la société, qui n’ont pas su protéger leurs citoyens en temps utile, d’honorer leurs propres obligations en matière de violences sexuelles liées au conflit.
A l’en croire, c’est dans ce cadre que le plaidoyer de KRTC et de la société civile a permis d’intégrer en 2014 les survivants de crimes de violence sexuelle dans la loi reconnaissant depuis 2011 les anciens combattants et les autres groupes de personnes touchées par la guerre.
Réparation administrative
Il salue les efforts du KRTC visant à soutenir les victimes dans leurs démarches pour jouir effectivement de leur droit à une réparation administrative, ce qui est loin d’être aisé. Mais regrette tout de même que sur plus de 20.000 victimes de violences sexuelles liées à la guerre au Kosovo, peu de survivants aient vu leur statut reconnu par la Commission gouvernementale de reconnaissance et de vérification du statut des victimes de violences sexuelles créée en 2017.
‘’Même si plus de 1500 personnes sur un total d’environ 20.000 demandes enregistrées ont vu leur statut reconnu par la Commission jusqu’à présent, cela ne concerne que moins de 10% des potentiels bénéficiaires du droit à la réparation’’, fait-il savoir.
Le prix Nobel de la paix signale que le Fonds Mondial pour les Survivants demeure disponible pour apporter son expertise technique et faire en sorte qu’un maximum de victimes puissent effectivement tirer profit de la loi de réparation.
‘’Si, la justice réparatrice est très importante pour les victimes, car elle permet la reconnaissance d’un statut et vise à permettre aux survivants de reconstruire leur vie dans la dignité, les réparations administratives n’ont pas vocation à se substituer à la justice rétributive et à des poursuites pénales, précise-t-il.
