Le partage des 10 millions de dollars américains entre quelques cadres de la Gécamines était bel et bien autorisé par l’Inspection générale des finances (IGF) et le Gouvernement central, selon un communiqué de presse publié le week-end dernier par la coalition « Tous pour la RD Congo », une structure qui regroupe quelques organisations de la Société civile en RDC.
La coalition affirme dans son communiqué, avoir suivi avec beaucoup d’intérêt le débat qui se déroule actuellement sur une note interne de l’Inspection générale des Finances (IGF), concernant le partage de plus de 10 millions USD entre les agents et Cadres de la Gécamines SA. Après entretien avec les hautes autorités de la Gécamines, « Tous pour la RD Congo » répercute la réaction de cette société de l’État. Celle-ci réfute la thèse d’un détournement tel que propagé par les inspecteurs de l’IGF.
A en croire les membres de la coalition, après le contact avec les autorités actuelles de la Gécamines SA à Lubumbashi et certains membres du Conseil d’Administration se trouvant à Kinshasa, il ressort des investigations de la Coalition que cette motivation a, entre autres, permis aux agents de la Gécamines SA de « dénoncer les cas similaires dans d’autres sociétés ayant permis à l’entreprise d’amorcer des investigations et recouvrements forcés sur la base des conditions matériellement motivées et imposables aux partenaires chez COMMUS, DEZIWA, RUASHI MINING, KAMBOVE MINING, etc. ; ces opérations ont aussi permis à la Gécamines SA de réaliser un chiffre d’affaires d’1 milliard USD pour l’année bilantaire 2022; KCC a commencé avec le paiement de 211 millions USD en 2022 ».
Quant aux rémunérations des membres du Conseil d’Administration de la Gécamines SA et des membres du comité de gestion que l’IGF juge exorbitantes, la Coalition « demande que ces avantages soient régulés pour toutes les entreprises du Portefeuille, tous les établissements publics de l’Etat ainsi que les cabinets politiques et institutions sans que cela ne se réduise seulement à Gécamines SA, en tenant compte de la santé financière de chaque entité et des prescrits des principes de l’OHADA pour les entreprises et établissements ».
« Tous pour la RD Congo » estime que les avantages sociaux et pécuniaires des mandataires publics des sociétés d’Etat et des politiciens en fonction (ministre, membres du bureau de l’Assemblée nationale, membre du bureau du Sénat, bureau du Premier ministre, cabinet du président, gouverneur des provinces…) doivent faire l’objet d’un débat national pour mettre en place un mécanisme d’équité dans la répartition des richesses nationales.
« Depuis 2006, un groupe des personnes se trouvant au pouvoir à tous les niveaux, se donne des avantages énormes au détriment d’un grand nombre des Congolais. ‘Cette situation doit cesser au nom de la justice distributive’, estiment unanimement les organisations de la Société civile congolaise du secteur des ressources naturelles qui nous ont contactés. Dans le cas de la Gécamines SA, trois assemblées générales ordinaires ont été organisées pour discuter de cette situation de rémunération. C’est à travers ces assemblées générales ordinaires qu’il avait été décidé l’octroi de ces rémunérations et chaque mois, l’IGF les connait et les autorise », renseigne le communiqué.
Des recommandations formulées à l’endroit des uns et des autres, la coalition demande aux autorités de la Gécamines SA la mise en place d’un « plan d’investissement » dans la production à court et à moyen termes car elle a maintenant des moyens financiers pour commencer la production ; élargir ce mécanisme d’alerte à tous les travailleurs afin de lutter contre la fraude au sein de l’entreprise ; sanctionner les agents et cadres qui s’adonnent aux pratiques de corruption dans l’entreprise et dans des partenariats ; continuer à défendre les droits de l’Etat, exigeant dommages intérêts s’il le faut, comme il en fut avec KCC, dans tous les partenariats dont Sicomines et Somidez, tout en faisant un suivi méticuleux de TFM ; continuer la récupération des actifs miniers et industriels non valorisés par les partenariats ; investir dans la relance de la production directement et indirectement par ses filiales comme il en est de la STL.
A l’IGF et à la Cour des comptes, la coalition exige de « mener des investigations objectives et légales sur tous avantages sociaux et pécuniaires perçus par les mandataires dans des entreprises et établissements publics ainsi que les politiciens et proposer au gouvernement et au président de la République une solution équitable ».
Au gouvernement de la République, la coalition recommande de « permettre et accompagner la Gécamines SA à investir dans la production comme elle possède maintenant des moyens financiers pour le faire et de fonctionner selon les prescrits du Droit OHADA auquel notre pays est membre sans interférence de la tutelle ni de l’Etat actionnaire ».
Olivier K