Lors d’un point de presse tenu à l’hôtel Serena, le président du M23 et coordonnateur politique de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), Bertrand Bisimwa, a livré un message fort, dénonçant la persistance des violences sexuelles utilisées comme armes de guerre par les forces gouvernementales congolaises.
« Regardez ce qui se passe dans l’espace contrôlé par le régime de Kinshasa », a-t-il déclaré. « Des éléments des FARDC, notamment ceux dits des WAZALENDO, se livrent à des viols systématiques sur des femmes, et ils diffusent ces atrocités sur les réseaux sociaux sans qu’aucune condamnation n’intervienne. »
Selon lui, ces actes, commis « au nom du patriotisme », constituent un crime de guerre et un affront à la dignité du peuple congolais. « C’est ce qu’on appelle les viols armés de guerre », a insisté M. Bisimwa, dénonçant le silence de la communauté internationale face à ce qu’il qualifie de « terrorisme sexuel » employé pour soumettre les populations civiles.
Un engagement maintenu pour la paix malgré la provocation
Bisimwa a tenu à rappeler que la délégation de l’AFC/M23 se trouve actuellement à Doha dans le cadre du processus de médiation visant à trouver une issue pacifique au conflit.
Cependant, il accuse Kinshasa de violer systématiquement les engagements signés.
« Nous sommes à Doha pour la paix, mais le régime de Kinshasa ne respecte rien : ni les accords, ni sa parole, ni même les communiqués conjoints signés lors des sommets internationaux », a-t-il affirmé.
Le chef du M23 a détaillé plusieurs manquements :
- la non-libération des prisonniers promise dans la déclaration des principes,
- la poursuite des offensives armées malgré la signature du mécanisme de vérification du cessez-le-feu,
- et l’inaction totale de la médiation internationale, qui « n’a jamais condamné ni répondu aux dénonciations ».
“Nous prendrons nos responsabilités”
Face à ce qu’il considère comme une impasse, Bisimwa a laissé entendre que le mouvement pourrait revoir sa participation au processus de Doha.
« Nous ne sommes pas à Doha pour manger de la nourriture qatarienne ou nous promener sur les plages du Golfe. Nous y sommes pour apporter la paix à nos populations. Mais si Doha ne nous la donne pas, nous l’imposerons par d’autres moyens », a-t-il averti.
Il a conclu en lançant un message solennel :
« Nous prendrons nos responsabilités, non pas en secret, mais devant la presse, devant le monde. Car notre combat reste celui de la dignité humaine, de la protection de nos populations et de la paix véritable. »
Ce point de presse intervient dans un climat tendu entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle M23, réuni au sein de l’Alliance Fleuve Congo.
Alors que les pourparlers de Doha peinent à produire des résultats tangibles, les accusations de viol comme arme de guerre viennent relancer le débat sur la responsabilité des forces en présence et sur la nécessité d’un engagement international fort pour protéger les civils, particulièrement les femmes, premières victimes de cette guerre sans fin.
