Un appel urgent vient d’être adressé par les représentants de la communauté banyamulenge. Ce, à Son Excellence Massad Fares Boulos, conseiller principal du président des États-Unis pour l’Afrique, ainsi qu’aux chefs d’État du COMESA réunis à Nairobi.
Ces deux correspondances dénoncent une crise humanitaire sans précédent dans les Hauts Plateaux de Minembwe, au Sud-Kivu (RDC), où des milliers de civils tutsis/banyamulenge vivent assiégés, affamés et ciblés par des attaques militaires coordonnées.
Un siège humanitaire planifié
Depuis plusieurs mois, la périphérie de Minembwe est encerclée par plus de 10 000 soldats des Forces de défense nationales burundaises (FDNB), qui agissent en appui à l’armée congolaise (FARDC).
Les routes reliant Uvira, Fizi et Baraka sont totalement bloquées. Les populations civiles n’ont plus accès ni aux produits alimentaires de base (sel, sucre, huile, farine) ni aux médicaments essentiels. L’aide humanitaire internationale est interdite d’accès, transformant Minembwe en prison à ciel ouvert.
« Ce blocus délibéré, combiné à des frappes militaires, constitue un crime contre l’humanité », déclare le collectif GAKONDO, regroupant les principales organisations banyamulenge de la diaspora.
« Les civils sont privés de tout – nourriture, soins, liberté de circulation – pendant que le monde détourne le regard. »
Des opérations militaires conjointes RDC-Burundi
Les lettres adressées à Washington et au COMESA documentent une coopération militaire directe entre les FARDC, les FDNB et les milices Wazalendo, soutenues par le gouvernement de Kinshasa et appuyées par des éléments des FDLR.
Ces forces sont accusées de mener des bombardements par drones, des incendies de villages, et des massacres de civils, notamment à Kahololo, Kipupu, Bibogobogo, Bijombo et Point Zéro.
Selon les signataires, l’objectif de cette alliance est clair :
« Démanteler les derniers villages tutsis et banyamulenge encore debout dans les Hauts Plateaux, effacer toute trace d’une communauté historiquement enracinée sur ces terres. »
Un appel à la conscience internationale
Dans leur lettre datée du 20 octobre 2025, les leaders du collectif GAKONDO – présents en Amérique, en Europe, en Afrique et en Océanie – exhortent les États-Unis à intervenir diplomatiquement pour :
- Obtenir la levée immédiate du siège de Minembwe et le retrait des troupes burundaises ;
- Ouvrir un corridor humanitaire sécurisé pour les civils ;
- Autoriser l’accès d’observateurs internationaux et d’agences d’aide ;
- Tenir responsables les gouvernements de la RDC et du Burundi pour les atrocités commises.
Le 6 octobre, les mêmes organisations avaient adressé une requête urgente au 24e Sommet du COMESA à Nairobi, dénonçant la violation flagrante des principes fondateurs de l’organisation régionale : paix, sécurité et respect des droits humains.
« Le Burundi, en engageant ses soldats sur le sol congolais pour massacrer des civils tutsis, a trahi les valeurs du COMESA », rappellent-ils.
« Nous demandons la condamnation officielle de cette ingérence et une enquête internationale indépendante. »
“Un génocide silencieux”
Depuis 2017, les Banyamulenge, minorité tutsie du Sud-Kivu, subissent des persécutions systématiques : villages incendiés, bétail volé, déplacements forcés, assassinats ciblés.
Des milliers de familles ont trouvé refuge au Rwanda, au Burundi et en Tanzanie. Celles restées à Minembwe sont aujourd’hui prises au piège d’une guerre d’extermination lente.
« Les Banyamulenge ne demandent pas des privilèges, mais le droit de vivre », déclare Kazinguvu Ruboneka, président du collectif GAKONDO et de la communauté INEZA au Canada.
« Ce qui se passe à Minembwe est un test moral pour le monde libre. L’histoire jugera ceux qui se sont tus. »
Un message à la communauté internationale
Les signataires rappellent enfin que l’inaction des grandes puissances et des institutions régionales face à cette tragédie répéterait les erreurs du Rwanda en 1994.
Ils appellent à une mobilisation diplomatique urgente pour éviter une catastrophe humanitaire totale et préserver la dignité humaine dans les Grands Lacs.
Sadiki
